Le juge d’instruction de Tizi Ouzou auditionnera à partir de demain 50 personnalités "lourdes", dont Hamraoui, Toumi, Saâdi et Hattab au sujet de l’assassinat de Matoub Lounès
Des sources proches de la famille du défunt chanteur kabyle Matoub Lounès, ont révélé à Echorouk que le juge d’instruction auprès du tribunal de Tizi Ouzou procédera à l’audition, à partir de samedi, de plusieurs personnalités, liées peu ou prou à l’affaire, comme témoins et ayant occupé des postes qui leurs permettaient à l’époque de connaître des faits avérés.
- Il s’agit vraisemblablement d’une instruction complémentaire sur l’affaire, dont les faits remontent à 1998, et qui ciblera au moins une cinquantaine de personnalités « lourdes », dont, assure-t-on, l’ancien Directeur-général de l’ENTV, Hamraoui Habib Chawki, le président du RCD, Said Saâdi, et Hassan Hattab, émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, à l’époque des faits, mais aujourd'hui "repenti" ainsi que d’autres personnalités connues. Ces personnalités ont été demandées comme témoins par la famille du chanteur assassiné en 1998, le 9 juillet 2008, lors de l’ouverture du dernier procès qui devait concerner les assassins du chanteur. Toutefois, le procureur aura toute latitude à évaluer si oui ou non leur présence est nécessaire au déroulement du procès.
- La mère du chanteur, « Nana Aldjia », qui s’est constituée partie civile, sera bien sûr présente pour le début des auditions, mais pas sa soeur Malika, qui vient de quitter l’hôpital, en France, depuis seulement une semaine, et qui poursuit encore sa convalescence. La famille du chanteur affirme craindre que tous les noms exigés ne seront pas convoqués par le juge instructeur. La famille avait dressé une liste de noms qui pourraient contribuer à compléter le puzzle de l’affaire. Cette liste, dont Echorouk détient une copie, comporte des noms comme Hamraoui Habib Chawki, Said Saâdi, Hassan Hattab, mais aussi Ahmed Djeddai, l’ancien secrétaire-général du FFS, l’ancien chef du secteur militaire de Tizi Ouzou, Khalida Toumi, Amara Benyounès, Noureddine Ait Hamouda, Mohamed Benchicou, Belaid Abrika, etc.
- D’autre part, des sources sûres ont assuré à Echorouk que le juge d’instruction a rendu une visite à Medjnoune Malik, accusé d’avoir participé indirectement à l’assassinat du chanteur, et qui était en grève de la fin dans la prison de Tizi Ouzou. Le motif de la visite est que le juge, soucieux de préserver la vie de l’accusé, l’a convaincu que son procès allait reprendre dans les plus brefs délais. Il a fait de même avec Chenoui Hakim, le plus important accusé de l’affaire de l’assassinat de Matoub Lounès, car accusé d’y avoir personnellement prit part. Les deux accusés sont en détention depuis 1999.
- Matoub Lounès avait été assassiné en septembre 1998. Depuis lors, l’affaire a connu une série de rebondissement, et souvent, il n’a pas été facile de programmer un procès dans le calme et la sérénité exigés, la région kabyle traversant depuis 2001 une zone de fortes turbulences…
Annoncé pour le 10 juillet prochain : Le procès de l’assassinat de Matoub n’aura finalement, pas lieu

Douze ans après, le procès des assassins présumés du chantre Matoub Lounès, n’a pas encore eu lieu. Annoncé par des membres de la fondation qui porte le nom du rebelle pour le 10 juillet prochain, le procès n’aura pas lieu à cette date, ont indiqué à la dépêche de Kabylie des sources judiciaires.
Renvoyé le 8 juillet 2008, pour complément d’enquête et absence des témoins cités, le procès risque de ne pas avoir lieu durant l’actuelle session criminelle. Des membres de la famille de Matoub sont, dit-on, convoqués pour justement ce 10 juillet pour les besoins de l’enquête complémentaire. Contacté par nos soins, maître Rahem Kaci, avocat de la partie civile avoue n’être pas informé sur la tenue du procès pour la date suscitée.
“Le procès a été renvoyé pour enquête complémentaire, à partir du moment que les motifs du renvoi n’ont pas été encore réalisés, il ne peut pas y avoir de programmation du procès devant le tribunal criminel”, a déclaré à la Dépêche de Kabylie, maître Rahem, avocat de la partie civile. Ce dernier insistera sur le fait que de nouveaux éléments doivent être apportés au dossier, entendre les témoins cités et réauditionner la partie civile entre autres. Maître Rahem ajoute à ce sujet “le procès ne peut pas avoir lieu dès lors que l’enquête qu’a ordonné le tribunal criminel n’a pas été encore réalisée”.
De son côté, le secrétaire général de la fondation Matoub nous confiera hier qu’il prendra attache avec la famille du rebelle pour se prononcer sur l’affaire. “Nous allons nous prononcer ce week-end à travers un communiqué de presse. Ce qui certain, nous n’avons pas été informés de la tenue d’un quelconque procès pour ce 10 juillet”, a déclaré M. Laksi Juba, SG de la fondation. Les informations faisant état de la tenue du procès pour ce mois de juillet, dans le cadre de la session criminelle n’ont servis à chauffer un petit peu la scène locale. Certains se sont même “perdus” dans des “schématisations” que la nouvelle de la non-tenue du procès a jeté sur les travées de l’actualité. Par ailleurs, accusé d’avoir assassiné Matoub Lounés un certain 25 juin 1998, Malik Medjnoun, en prison depuis le 28 septembre 1998, est en grève de la fin depuis quinze jours pour protester contre “la non-tenue de son procès”. Son frère, contacté par la Dépêche de Kabylie a dénoncé hier “l’énième report” et d’indiquer qu’à plusieurs fois, on nous a promis la tenue du procès sans que cela ne se concrétise. Aujourd’hui la famille veut ni plus ni moins qu’un procès équitable. Reporté trois fois de suite, le procès sera programmé, selon des sources judiciaires, pour la prochaine session criminelle. pour rappel , le 25 juin dernier, la Kabylie a rendu un vibrant hommage au Rebelle. Douze an après son assassinat, les jeunes continuent à se nourrir de sa mémoire, de ses œuvres et de son combat. L’idéal démocratique pour lequel il a tant lutté, demeure vif dans le cœur de ceux qui continuent à l’aduler et à croire en lui. Matoub n’est pas mort pour rien, c’est ce que disent encore tous ceux qui aime l’artiste. C’est dans l’optique d’une entière réhabilitation que ceux là demandent encore à connaître la vérité sur son assassinat, le reste peut-être de la littérature ou bien moins que ça.
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