Le royaume de Koukou Mis à part une colline qui surplombe Bab El Oued et quelques lieux épars à travers notamment la Kabylie, peu de choses ou presque évoquent le nom de Koukou. On n'en trouve nulle t**** dans les manuels scolaires, encore moins de débats ou séminaires organisés pour ret****r et vulgariser l'histoire de ce royaume berbère du XVI° siècle dont de nombreux historiens estiment qu'il démontrait déjà à cette époque-là l'existence d'une entité nationale. Koukou dont le nom n'est pas attesté en kabyle et qui est emprunté, semble-t-il à une cité prospère au Niger GAO, est un haut lieu du savoir et le siège d'une dynastie fondée par Abou Abbas Ahmed Belkadi que les Kabyles désignent par Ahmed Ath Elkadi, un descendant des Chorfas de Sakiet Sidi Youcef, en 1511 en réponse à la prise de Béjaïa par les troupes espagnoles. Il est situé à une dizaine de kilomètres de Aïn El Hammam dans la wilaya de Tizi Ouzou. De nos jours, ce n'est plus qu'un hameau perdu du Djurdjura. Selon les historiens, le royaume de Koukou s'étendait sur une grande portion du littoral algérien, de Béjaïa à Chlef, jusqu'à Blida et l'Ouarsenis en passant par la Kabylie. Sa capitale économique était Djemaa N'Saharidj. Ahmed Belkadi, qui édifia Azzefoun pour contrecarrer l'armée turque dans cette portion du littoral, régna sur Alger de 1920 à 1927 après avoir chassé Khair-Eddine Barberousse. Avant de prendre Alger, il participa côte à côte à Tlemcen contre l'armada espagnole avec Aroudj, l'aîné des Barberousse qui y laissera la vie. D'ailleurs les Turcs disaient à cette époque-là que Ahmed Belkadi aurait abandonné Aroudj aux troupes espagnoles, en ne le secourant pas lors du siège du Méchouar de Tlemcen* par les soldats espagnols pour venger l'assassinat de son parent Salim Al-Toumi, roi d'Alger jusqu'à 1516 avant d'être étranglé dans son bain par Aroudj lors de son entrée à Alger. Ahmed Belkadi aurait saisi l'occasion de la mort de Aroudj à Tlemcen pour chasser Khair-Eddine, le successeur de Aroudj, et ses troupes d'Alger. Ces derniers trouveront refuge à Jijel avant de s'installer dans l'île tunisienne de Djerba où on distingue encore certaines fortifications. Après 7 ans à la tête du royaume, Ahmed Belkadi sera chassé d'Alger par Khair-Eddine qui a repris le pouvoir. Il se replia sur Koukou et Annaba, son autre ville de résidence. Celui que les archives de Topkapi, en Turquie, nomment «le vertueux, le moudjahid, le savant et le pro*****ur Abou Al-Abbas Ahmed Ibn Al-Qadi», rapporté par Ali Farid Belkadi, un descendant des Koukou, intellectuel et chercheur installé en France qui raconte l'histoire du royaume dans une page de son site web, mourut assassiné par l'un de ses hommes en 1529 à Thala Aït Aïcha, actuellement Thénia près de Boumerdès alors qu'il se préparait à livrer une nouvelle bataille à Khair-Eddine Barberousse. Une mort qui acheva une lutte de près de 19 ans entamée contre les Espagnols de Béjaïa, d'où il se replia pour fonder son royaume à Tlemcen après avoir rallié à sa cause les fédérations des deux Kabylies. Le royaume de Koukou connut de nombreux rois après sa mort avant la scission de la famille en deux branches princières et l'extinction définitive du royaume en 1750. De nombreux sanctuaires furent dédiés à cette famille il y a notamment celui des Ath Yahia sur l'emplacement même de Koukou où des vestiges se remarquent encore aujourd'hui, appelé Taqorabt Bou El Qadi, celui d'Achellam à Ahmed Belkadi au village Aourir dans les Ath Ghobri, au village Aguemoun à Iflissene et enfin à Timezrit, à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Béjaïa. De nombreuses légendes sont également véhiculées à propos de cette famille de marabouts. Selon les écrits de Ali Farid Belkadi, des descendants de la famille se seraient même établis dans le grand Sud puisque une tribu targuie porte le nom d'Ikadiyen. Il rapporte aussi que des écrits sur l'histoire de ce royaume se trouvent en Turquie et en Espagne. Comme d'autres pages de l'histoire plusieurs fois millénaire du pays, l'épisode du royaume de Koukou reste oublié pour ne pas dire proscrit en dépit du travail colossal et remarquable fait par certains historiens à l'image du défunt Mouloud Gaid.