Cheikh El-Hasnaoui
Suite à la seconde rencontre de janvier 2000 avec le vieux cheikh El-Hasnaoui, j'ai le plaisir de faire savoir à tous les amis du chanteur qu'il se porte à merveille. Je l'ai quitté le 4 février 2000 en lui promettant de retourner le voir dès que possible. Fors de cette information je me suis rendu en Algérie où j'ai diffusé l'information auprès de la communauté algérienne en général et kabyle en particulier pour dire que notre vieux chanteur est bien vivant et bien portant. Cette information a été relayée par la télévision algérienne : émission du journal télévisé en tamazight (jeudi 17 février 2000 à 18 h.), journal télévisé en français (canal Algérie) et jounal télévisé en arabe (chaîne nationale) le samedi 19 février 2000, respectivement à 19 h. puis à 20 h. 30. Plusieurs personnes m'ont arrêtées dans la rue et à l'aéoport pour me dire merci de leur avoir procuré le plaisir de voir enfin le vieux chanteur vivant. Rien que pour cela, ça valait le coup d'aller lui rendre visite et ramener quelques images de lui vivant. Tant de chanteurs kabyles bien aimés sont mort dans l'anonymat sans que le grand public n'ait eut le plaisir de les voir vivants : Hnifa, Bahia Farah, Lla Zina Tawertilant, Farid Aly, Slimane Azem, Mohand Saïd Oubelaïd, Zerrouki Allaoua, Cheikh Arab Ouzellag, Cheikh Arab Bouyezgarene, Youcef Abdjaoui, Cheikh Sadeq Abdjaoui, Cheikh Nordine, Meksa, Matoub Lounès. Aucun de ces artistes n'a eu le droit dans notre pays l'Algérie, de s'adresser directement au public kabyle qui le chérit. C'est pourquoi il est indispensable aujourd'hui de mieux s'organiser afin d'être en position d'exiger qu'une télévision algérienne fasse la place qui leur revient à tous les artistes berbères que le public veut voir en image tranquillement chez eux.
La réaction du public me remerciant dans la rue que d'avoir montré Cheikh El-Hasnaoui avant que la mort ne l'ai hapé, me conforte dans ma conviction de tout faire pour que les choses viennent à changer pour cette culture des Imazigen que les pouvoirs maghrébins tentent d'étouffer. Le public doit pouvoir bénéficier d'émissions où l'artiste qu'il aime puisse lui parler, s'adresser à lui sur toutes sortes de sujets. Nous ne devons plus attendre qu'un artiste meurt pour en parler.

Cheikh El-Hasnaoui (30 octobre 1999)
La famille du vieux Cheikh El-Hasnaoui est également ravie de pouvoir enfin mettre un visage sur ce membre de la famille que personne n'a vu depuis 1938. Ses neveux avaient déjà tenté de le rechercher mais personne n'est parvenu à les aider à trouver son adresse.
Merci à tous ceux qui m'ont adressé des messages d'encouragement pour cette action désintéressée mais ô combien intéressante pour la communauté kabyle du monde entier !
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Paris 21 octobre 2002
Chers amis,
comme vous le savez tous, le grand maître de la chanson algérienne, Cheikh El-Hasnaoui, n'est plus de ce monde. Il est décédé le six juillet 2002 en son domicile de Saint Pierre de la Réunion. Il est parti d'une mort sereine après avoir pris son repas de midi. Simplement. Usé jusqu'au dernier souflle, sans avoir souffert. Il est mort comme il a vécu : simplement et avec grandeur. Il aurait tellement voulu revoir sa terre natale vivant. Lorsque je lui avais dit : CHeikh, l'île de la Réunion, c'est bien. C'est comme l'Algérie. Il y a du soleil, il y a la mer, la montagne, et tout ! Il me répond : -"Oui, il y a le soleil, la mer et la montagne, mais, non et non, ce n'est pas comme l'Algérie". Oui l'Algérie, pour Cheikh El-Hasnaoui, c'est unique.
Il nous a eu en partant en silence, loin de nous. Mais il ne sera jamais oublié, car son oeuvre lui survivra des générations durant.
Mehenna Mahfoufi
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Après avoir rencontré à Alger Mohand Rachid, artiste (interprète des plusieurs chansons fameuses en kabyle dont Ay afellah ikerrzen et A Werdiyya Werdiyya) et archiviste possédant la meilleure collection de données relatives au monde musical algérien du 20 ieme siècle, grâce à lui, j'ai pu rendre visite à Mme Fadhma Zohra, la célèbre créatrice de quelques joyaux de la chanson kabyle : Axelxal ajdid (Anneau de pied neuf); A nnagh a muhend a mmi thamettouth-ik d-taberrkant ... (N'est-ce pas, cher Mohand que ta femme est noire ?); et d'autres encore que plusieurs générations chantent depuis le début des années 1940.
Cette dame a dansé et chanté dans le milieu musical de l'immigration algérienne de France des années 1940 et 1950. Elle a tourné dans les cafés d'immigrés avec Cheikh El-Hasnaoui, mais aussi avec Kadour Cherchali (le meilleur joueur de banjo de son temps), Saïd El-Ghondillot (chanteur kabyle peu connu du public d'aujourd'hui), Mohamed El-Kamal, Slimane Azem avec qui Mme Fadhma Zohra a chanté en duo la fameuse chanson "Nekk akkw ed kem" (Toi et moi ...).
Mme Fadhma Zohra est aujourd'hui âgée de ... 94 ans. Elle est née en 1906 à El-Biar (Alger).
Il est inutile de dire qu'elle vit de façon très honorable bien que sa situation matérielle soit des plus précaires. Bien sûr, cette ancienne artiste kabyle se trouve aujourdh'ui dans la même situation que bon nombre de chanteurs et chanteuses d'Algérie du milieu du 20 ieme siècle. |